Qui aurait cru qu’un jour elle tomberait aussi bas. Elle venait de sortir de l’hôpital avec un dossier en main et surtout des larmes sur son visage. Les résultats de ses scanners et autres analyses de ses prises de sangs étaient formels. Elle avait un cancer, ou plus précisément une tumeur de la moelle épinière qui peut avoir de graves conséquences sur son cerveau. Elle était… perdue, assisse sur ce banc à chercher pourquoi. Elle n’a rien de fait de spécial, elle n’a jamais rien demandé à personne et voilà qu’on lui annonce un foutu cancer. Et maintenant ? Elle est censée faire quoi ? On lui avait dit : profitez de la vie, croquer la à pleines dents jusqu’à une greffe possible de moelle osseuse… Oui, c’est qu’on lui a dit. Mais ce qu’ils avaient oublié de préciser, c’était de croquer la vie à pleines dents avant sa mort. On lui donnait encore trois ans, trois ans a se gaver de médicament et à attendre la crise finale dans l’angoisse de se voir partir. Chaque seconde qui passait, elle le savait : elle allait droit dans le mort. Elle avait sacrifié toute sa vie à la danse, persuadée qu’un jour elle pourrait voir le bout du tunnel en dansant pour les grands artistes. Ce rêve s’était brisé dans une chute… elle avait tenté de se rattraper dans la musique… et voilà qu’il était à nouveau brisé par un cancer. Elle était venu à se demander à quoi ça servait de faire des efforts si c’est pour les voir partir en fumée ?

Et finalement, après qu’une énième larme roula sur sa joue, elle comprit. Elle comprit que la vie n’était pas faite pour la réussite ou la gloire, mais pour le plaisir. Le plaisir de donner, de recevoir, le plaisir aussi de faire des rencontres. Et quand elle entra dans l’hôpital, elle avait demandé à voir quelqu’un et on lui annonça qu’il était déjà partit. Gentiment elle a demandé l’adresse et on lui avait donnée. Lui, c’était l’une des rencontres qu’elle avait faite. Drôle de rencontre certes, mais bien assez originale pour qu’elle vaille la peine de continuer. Alors elle se rendit chez lui en voiture, après avoir pris soin d’effacer toutes traces de tristesse et d’angoisse sur son visage. Laissant quelques minutes s’écouler une fois arrivée devant chez lui, elle se demandait si c’était une bonne idée. Après tout, il venait à peine de rentrer, il voudrait sûrement être tranquille avec sa fille… enfin, elle se disait cela jusqu’à ce qu’un gosse frappe à sa vitre en la menaçant d’appeler les flics parce qu’elle était soit disant une espionne russe. Evidement, ça la fit rire et pour rassurer la gamin en question, elle sortit de sa voiture - qu’elle ferma, après tout on sait jamais - et se rendit devant la porte.

Elle prit une grande inspiration et sonna à la porte. Elle fut d’abord étonnée de voir une femme ouvrir… oh, elle dérangeait dans les retrouvailles d’un couple… ou pas visiblement, quoi que, elle en savait rien en fait. Quoi qu’il en soit, un sourire se dessina quand Aydan vint vers elle. « Non merci, ça va je veux rien, je venais voir si tu t’en sortait avec la petite et si ça allait de ton côté. Mais visiblement, tu n’as pas besoin d’aide, tu as tout ce qu’il te faut ici. » Souriant à Maeva, elle n’osait pas la prendre dans ses bras, dans un premier temps… jusqu’à ce que la petite fasse une grimace d’enfer présageant une crise de larmes. Heavy se baissa doucement et prit la petite puce dans ses bras. « Heureusement que tu as une petite amie et une petite fille qui prend soin de toi dans cette maison. » Bah quoi ? Elle est pas censée savoir que c’est la nourrice… jusqu’à ce que celle-ci se retourne avec un regard d’incompréhension… hum… pas de doute, elle venait de dire une connerie.